Marvel enchaîne les films à gros budgets depuis plusieurs années maintenant : avoir décliné en film la création des Avengers et de chaque héros qui compose cette équipe a probablement été la meilleure idée du service Marketing ces dernières années. Les « geeks », ceux qui lisaient régulièrement ou non les fameux comics de cette société, ne sont plus les seuls à admirer les super-héros et à se régaler face à des scenarii d'Apocalypse avortée grâce à des mutants et humains sur-entraînés. Être geek maintenant, c'est cool. Mieux : non content d'avoir amélioré son image auprès du grand public et s'être affirmé comme un grand dans le domaine du divertissement, Marvel s'attaque maintenant à la discrimination sous toutes ses formes.
Comment ? Marvel a sa propre solution : créer une multitude de super-héros et super-héroïnes de tous les horizons, pour que tout le monde puisse s'identifier à l'un d'entre eux. Parmi les 18,860 héros, vous trouverez obligatoirement votre favori, celui qui vous ressemble et partage votre façon de penser. Encore faut-il qu'il soit suffisamment connu… Et il faut se l'avouer, lorsqu'on parle de super-héros ou héroïne, on pense rarement à des héros issus de minorités ethniques. Ils ont peu de couverture médiatique, ce qui demande tout de suite de beaucoup s'intéresser à l'univers Marvel pour les trouver. Pour pallier à cela, Marvel a mis à l'honneur War Machine et Sam Wilson, et plus récemment, le roi du Wakanda, T'Challa, aka Black Panther.
Déjà apparu dans l'opus Civil War, T'Challa est un homme de sang-froid, réfléchi et sur-entraîné, qui possède une force, une agilité et une résistance surhumaine grâce à une fleur confiée par la déesse Bast, apparaissant sous la forme d'une panthère. Il possède également une intelligence égale, voire supérieure, à celle de Iron Man, Tony Stark pour les intimes, et, étant le monarque d'un pays très fort économiquement, bien plus riche que notre génie millionnaire, playboy et philanthrope. T'Challa représente donc un modèle de vertu et de courage, capable d'affronter toutes les épreuves sans perdre son honneur.
Avec ce personnage et son histoire, c'est le continent africain tout entier qui est mis à l'honneur. Les personnes ayant contribué et réalisé cette production ont réalisé un travail incroyable quant à la préservation et la modernisation de la culture africaine, intégrant tous ses rites et traditions à une société technologiquement plus avancée que n'importe quelle autre sur Terre. Il y a dans ce film une véritable vision quant à ce que peut être l'Afrique en tant que puissance mondiale sans qu'elle n'ait à renier ce qui fait son essence.
Par ce film, Marvel pose les bases d'une discussion : sans renier le passé des africains arrachés à leur continent, sans oublier ni minimiser les souffrances qu'ils ont dû endurer et qu'ils continuent à endurer encore aujourd'hui, il est possible d'avancer vers un avenir commun, sans qu'un conflit de race ne reprenne. On retrouve dans ce film les discours de Martin Luther King (ici, T'Challa) et de Malcolm X (dans le film, l'antagoniste, Erik Killmonger). Le premier prônait le pardon, le pacifisme et la tolérance, tandis que le deuxième souhaitait venger son peuple, prendre les armes contre les armes. Le film ne condamne aucune des deux approches : il va même jusqu'à expliquer comment on peut arriver à tenir le même discours que Malcolm X, à rendre humain Erik Killmonger alors que celui-ci a été montré tuant de sang-froid toutes les personnes se dressant sur son chemin. Lorsque le film se termine, le spectateur a de la pitié pour cet homme.
Par cette approche, le film nous fait comprendre que la violence appelle à la violence. Si nous voulons qu'un jour, le monde et tous ses peuples soient vraiment en paix, il faut prendre la voie qu'indiquait Martin Luther King et tant d'autres sages avant lui : celle de la patience, de la compassion et du pardon.
Beau message, pour un simple blockbuster de plus, n'est-ce pas ?
