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  • Photo du rédacteurValentine Buhé

Coco (2017) : La solitude en couleur.

Ce 19éme film d'animation de Pixar est une mine d'or.


Oui, je n'ai pas peur des mots : ce film est une pépite, et j'ai hâte d'acheter le DVD pour pouvoir admirer à mon aise tous les décors et personnages que ce studio a créé. D'ailleurs, au moment où je vous parle, il vient de recevoir un Oscar bien mérité pour le meilleur film animé de l'année.


Le scénario, écrit par Adrian Molina et Matthew Aldrich, nous offre l'histoire d'un petit garçon mexicain, Miguel, rêvant de devenir un grand musicien alors que la musique est bannie dans sa famille. Sans vous gâcher la surprise, les choses finissent par s'arranger, et nous avons droit à une fin heureuse, comme dans tout bon film Pixar. L'histoire est néanmoins plus profonde que l'on s'y attend initialement. Elle n'explore pas tant la réalisation d'un rêve que celle de l'importance des relations au sein d'une famille, l'importance du souvenir et l'importance des valeurs. Vaste programme pour un film d'animation, qu'on a tendance à étiqueter comme « pour les enfants », et qui m'a quand même tiré des larmes, ainsi qu'à toutes les personnes qui m'ont accompagné le voir au cinéma.


Aidé par une réalisation d'une qualité époustouflante (notamment lors de l'introduction, qui est très intelligemment menée), nous suivons l'aventure du petit garçon, qui s'aventure sans le vouloir dans le royaume des morts. Loin de ressembler à l'image que s'en font les Européens, le royaume des morts est un endroit plein de lumière, couleur et musique. Les Mexicains croient que tant qu'une personne vivante se souvient d'eux, ils peuvent continuer à « vivre » dans le royaume des morts. Comment Miguel s'y retrouve-t-il ? Il s'avère que le Jour des Morts, il est amené à voler la guitare de son idole, un célèbre chanteur né dans son village, ce qui lui jette une malédiction que seul un membre de sa famille décédé peut briser. Il trouve assez vite ses ancêtres, et obtient leur bénédiction pour retourner dans le monde des vivants, avec comme condition qu'il oublie sa passion pour la musique à jamais.


Bien entendu, Miguel refuse : la musique est sa raison de vivre. Le film aborde ainsi son premier thème : la validation au sein de sa famille. Pour réaliser ses rêves, faut-il rejeter tout ce qui semble être un obstacle ? Pour devenir quelqu'un, faut-il renier ses origines ? Libérés des contraintes familiales, qu'est-ce qui nous empêche de nous lancer dans la branche qui nous intéresse ? Libres d'agir à notre guise, nous saurions nous débrouiller pour atteindre nos objectifs les plus fous. C'est ce que pense Miguel, qui voit dans la fuite le seul moyen d'accomplir son rêve de devenir chanteur, de devenir comme son idole.


Le film nous montre que ce raisonnement n'est pas le bon : fuir ne sert à rien. Sans vous gâcher le suspense, Miguel en aura la preuve vivante (ou dans ce cas-ci, morte) que c'est un mauvais calcul. Il faut savoir tenir sa position et affronter les opinions des autres en défendant la sienne avec de bons arguments. Miguel parvient à obtenir gain de cause sans avoir à renier les siens et les valeurs qu'ils portent. En bénéficiant de leur soutien, il s'épargne le sort de son idole. On aborde ainsi le deuxième thème : l'importance d'être fidèle à ses valeurs. Celles-ci sont inculquées par la famille : renier sa famille, c'est renier les valeurs dans lesquelles on a grandi. Le show-business est connu pour transformer et abîmer les gens qui y travaillent. La célébrité fait tourner les têtes, jusqu'à rendre l'individu le plus raisonnable en une personne sans foi ni loi et, finalement, totalement seule.


Le troisième thème est celui du souvenir : qui seront les gens qui se souviendrons de nous lorsque nous ne serons plus là ? Qui entretiendra notre mémoire ? Comment parleront les gens de nous ? Là encore, la famille joue un rôle crucial. Hors, si nous l'avons reniée, pourquoi devrait-elle se souvenir de nous ?


Finalement, le film, par ces trois thèmes, explore la solitude et l'oubli. Le fait que Miguel, dans le monde des morts, devienne peu à peu transparent est une image parlante de l'effet de ces deux sorts malheureux. Selon moi, le message du film est le suivant : il ne faut pas se couper des gens qui nous aime, car s'ils nous empêchent de réaliser aisément nos rêves, c'est avant tout par amour. Ils craignent que nous suivions un chemin malheureux et souhaitent nous en protéger, même si cela les fait passer pour de mauvaises personnes.


C'est un message qui s'adresse autant aux enfants qu'à leurs parents : la discussion doit être au cœur des échanges. Comprendre les motivations de chacun, percer les abcès, avouer les secrets… La communication est clé pour des relations apaisées et bénéfiques.



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